La raréfaction des biens en éducation canine
Raréfier des biens, des objets, des ressources pour le donner de la valeur et s'en servir dans une éducation bienveillante. Vous savez comment ça marche ?
10/27/20256 min read
Conclusion
Les chiens sont des animaux
« complexes » avec un large panel d’émotions, de comportements et de besoins qu’il ne faut pas négliger.
Le principe de raréfaction des biens est important à connaître si on veut un chien stable, en lui apprenant que certaines choses ne sont pas tout le temps à disposition, et que d’autres choses en revanche ne manqueront jamais. Il s’agit de trouver un équilibre en fonction des besoins spécifiques à chaque individu.
Il ne faut pas avoir peur de demander de l’aide à un professionnel du monde canin pour prévenir certains comportements.
D’ailleurs, enchantée, je suis Louise, de Louise Eductoutou, éducatrice comportementaliste canin, pour vous servir.
N’hésitez pas à venir me parler de vos problèmes, je ne mords pas, promis ;)
La raréfaction des biens est un principe d’éducation canine dont on n’entend pas beaucoup parler et qui pourtant s’avère très utile dans l’apprentissage de comportements et d’ordres.
Dans cet article vous verrez d’abord en quoi consiste la raréfaction des biens, ce que ça veut dire concrètement, puis dans quels cas elle peut s’avérer utile. Mais vous verrez aussi des cas dans lesquels elle peut causer des dégâts durables au niveau du comportement si le principe est détourné et mal utilisé.
La raréfaction des biens, c’est quoi ?
La raréfaction des biens signifie : rendre des ressources rares.
Dans le domaine de l’éducation canine (bien que ce principe doit exister ailleurs), les biens raréfiés peuvent être diverses. Ça peut être les ressources primaires (la nourriture et l’eau principalement), et les ressources secondaires, comme les jouets (d’interaction et d’occupation), ou encore les interactions sociales (intraspécifiques et interspécifiques, c’est à dire entre chiens, ou entre chiens et humains).
Dans 90% des bilans comportementaux que j’ai réalisé, j’ai prêté l’un de mes pouic-pouic aux chiens de mes clients, et sans surprise, les chiens l’ont adoré et ne l’ont plus lâché du rendez-vous. Les maîtres m’ont tous dit « il a l’air de bien l’aimer, je devrai acheter le même. ». La vérité c’est que si vous achetez le même, le chien va l’adorer pendant 2 semaines, puis il va finir par l’ignorer, comme tous ces autres jouets qui traînent sous votre canapé. Ce qui fait que mon jouet est exceptionnel, c’est parce qu’il est nouveau ! Je pourrais prêter une balle, un os à mâcher, un t-shirt troué ou n’importe quoi d’autre, c’est l’effet de nouveauté qui séduit vos chiens, car tout ce qui est rare a de la valeur.
Bienvenue dans le principe de raréfaction des biens. Je vais vous expliquer comment l’utiliser à votre avantage mais aussi quelles dérives ne pas suivre.
Comment raréfier vos biens peut vous être utile ?
Raréfier des biens peut s’avérer être une vraie aide dans l’éducation de nos chiens, à condition que ce soit fait intelligemment.
Prenons un exemple courant, celui du chien qui sait à peu près rester seul, mais qui gère mal la solitude. Si quand vous rentrez chez vous après la journée de boulot et que vous trouvez sur votre porte le message d’un voisin qui se plaint des aboiements incessants de votre chien, c’est qu’il y a un petit problème d’apprentissage quelque part.
Pour simplifier les choses (car les problèmes de solitudes sont diverses) dans ce cas précis, le chien s’ennuie quand vous n’êtes pas là.
Pour contrer ce problème, vous avez peut être essayé de lui laisser la télé, la radio, lui offrir un nouveau jouet, ou encore lui parler à la caméra, mais rien de tout ça n’est viable sur le long terme.
Une solution à mettre en place serait d’inverser la tendance, en faisant apprécier la solitude à votre chien. Pour cela, commencez par ramasser tous les jouets qu’il avait à disposition, de toute façon il ne les regardait même plus. Lors de votre prochaine absence, choisissez un seul jouet (d’occupation de préférence…), et donnez lui quand vous partez (le jouet aura plus de succès s’il est couplé à de la nourriture, que ce soit un Kong fourré, un tapis de léchage, ou une mastication naturelle).
Le fait de redécouvrir ce jouet comme s’il était nouveau va faire grimper l’intérêt de votre chien vis-à-vis de celui-ci, et aura donc moins de mal à s’occuper en attendant votre retour.
Attention, ici le cas est simplifié pour expliquer le bienfait de rendre rare un jouet en le rangeant avant de l’utiliser à nouveau, mais même la raréfaction des biens peut s’avérer inutile si votre chien n’est pas suffisamment sorti avant votre départ par exemple. En éducation canine, aucune problématique ne se règle séparément, c’est un ensemble à travailler.
Prenons un autre exemple, un moins courant.
Une bonne partie des chiens aiment vraiment les friandises et la nourriture en général, mais il arrive que certains individus s’en contrefichent, et là, leur éducation peut se montrer plus compliquée.
J’ai remarqué cette tendance au désintérêt des friandises chez des chiens qui avaient les croquettes à volonté, comme les chats. En même temps, avec l’estomac partiellement rempli à longueur de journée, la friandise n’a que peu de valeur.
Si vous rencontrez ce problème, pourquoi ne pas essayer de fractionner les repas en 2 ou 3 portions quotidiennes (en fonction de l’âge et du gabarit de votre chien).
Non seulement limiter l’accès à la nourriture apprend au chien à gérer sa frustration, il doit apprendre que tout n’est pas en libre service dans la vie, mais surtout, l’habituer à manger à horaires plus ou moins régulières va lui faire prendre conscience que les friandises hors repas ont quelque chose de spécial. C’est aussi en partie pour ça que certaines friandises ont plus de valeurs que d’autres. La sainte knacki est tellement rare qu’elle en devient divine.
Il pourrait y avoir un tas d’autres exemples sur les bienfaits de la raréfaction des biens, mais je pense que vous commencez à comprendre le principe. Gardez bien en tête que « tout ce qui est rare à de la valeur ». Servez vous-en à votre avantage.
Les ressources qui ne devraient jamais être raréfiées…
Les ressources primaires (vitales) figurent tout en haut de la liste des ressources à ne jamais raréfier, mais elles ne sont pas les seules.
Que vous ayez fait l’expérience vous même, ou que vous ayez connu l’histoire par l’un de vos proches, vous avez peut être déjà connu le cas du chiot qui se jette frénétiquement sur ses croquettes au point de s’étouffer, et qui défend sa gamelle au péril de sa vie ?
Malheureusement ce cas de figure arrive quand le chiot à manqué de nourriture avant d’arriver chez vous. Il arrive que ce soit la faute d’élevages peu attentionnés quant à la santé de ses chiens, car sur une portée trop grosse, il arrive que les chiots doivent se battre pour avoir accès aux mamelles de sa mère, ou qu’une fois passés à l’alimentation solide, la gamelle ne soit jamais assez grosse, ni assez remplie pour satisfaire les besoins de tout le monde. Résultats ? Les chiots apprennent qu’il faut se battre pour se nourrir, et que dès qu’il y a de la nourriture, il faut vite la récupérer avant qu’elle ne disparaisse à nouveau. La raréfaction de la nourriture entraine un trouble du comportement qui peut être difficile à régler, mais peut aussi avoir entrainé des séquelles physiques sur les chiots (sous nutrition, mal nutrition etc…).
Dans la même veine que le manque de nourriture, il y a le cas des chiots (ou chiens adultes) accrocs à la gamelle d’eau. Vous avez déjà entendu ce conseil concernant la propreté : retirer la gamelle la nuit (ou la journée) pour éviter que le chiot ne fasse pipi ?
Le problème, c’est que le lendemain matin lorsque sa gamelle d’eau se remplit à nouveau, il se jette dessus et attrape l’eau à grandes gorgées, il la vide complètement. Évidemment s’il sait qu’a chaque fois qu’il à soif, personne n’est là pour répondre à son besoin, il se débrouille seul pour récupérer ce qu’il peut avant que sa gamelle ne disparaisse encore.
Parmi les ressources importantes à ne pas raréfier, il y a les interactions avec les chiens, mais aussi avec les humains.
Si par exemple vous suivez le (mauvais) conseil de ne pas sortir votre chiot pendant que son schéma vaccinal n’est pas complet, il ne se socialise pas correctement, les interactions sociales sont donc rares, et lorsque vous le sortez enfin, il ne sait pas du tout comment gérer, et se montre alors surexcité ou même réactif.
Le chien est un animal social, il a besoin de tisser des liens avec d’autres chiens et des humains pour être heureux et stable mentalement. Ne pas subvenir à ses besoins sociaux engendre des troubles de comportement.

